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Edgars Pouzo, directeur général d’Atos Russie : « Le principal avantage, à mon avis, c’est que la Chambre mène à l’intention des entreprises françaises une politique de coopération adaptée à un climat politique et économique délicat »

Entretien avec le Edgars Pouzo, directeur général d’ATOS en Russie sur les tendances du marché, les projets de l’entreprise et les avantages de l’adhésion à la Chambre.

Atos est membre de la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe depuis 2011. D’après vous, quels avantages présente l’adhésion à la Chambre ?

Le principal avantage, à mon avis, c’est que la Chambre mène à l’intention des entreprises françaises une politique de coopération adaptée à un climat politique et économique délicat.

Nous apprécions vraiment cette façon de travailler et nous pouvons dire que nous sommes en Russie pour longtemps et que tout ce qui se passe en ce moment ne nous inquiète pas, mais au contraire nous aguerrit, car tous les changements économiques et politiques intervenus ces dernières années nous ont aidés à nous rendre plus résilients sur le marché russe.

Et ce naturellement dans le cadre de notre adhésion à la CCI France Russie.

 Quel bilan pour l’année 2018 pour Atos ?

2018 a été une excellente année, meilleure que 2017. Nous avons été heureux de constater que nos bénéfices ont continué d’augmenter de 2% et cela est significatif.

Nous avons enregistré une hausse de nos activités pour tous les projets mis en place cette année : nos prestations traditionnelles de portage salarial et d’intégration, ainsi que notre « canal d’entreprise » sur lequel nous promouvons les marques Bull et Unify.

Serveur BullSequana S de l’entreprise Atos

– D’après vous quelles sont les tendances clés de cette année ?

Incontestablement, le développement des activités digitales avec de nombreux projets pilotes et commerciaux. Le marché n’est pas encore prêt et les tests se multiplient à vitesse grand V. En Russie, on aime voir comment ça fonctionne, trouver des applications possibles de ces procédés au quotidien. Nous nous inspirons des expériences en Europe et en Amérique et nous les importons en Russie pour essayer de les adapter aux besoins des clients.

Dans les secteurs du transport et de la production, cette tendance se développe avec rapidité. L’année prochaine, nous lançons un département digital entier qui nous permettra de renforcer notre potentiel dans ce domaine. Nous nous concentrerons sur les deux technologies les plus demandées sur le marché : Siemens MindSphere et SAP Leonardo.  Nous fournissons des technologies IT sur les plateformes du cloud, mais les clients russes demandent aussi des solutions sur place (private cloud), et nous travaillons pour répondre à cette demande.

– Cette année, vous avez ouvert un centre d’apprentissage à Krasnodar. Pourquoi est-ce que Atos a décidé de mettre l’accent sur les projets d’apprentissage ?

Nos services sont très demandés et pour pouvoir satisfaire la demande, il nous faut augmenter nos effectifs. A Voronej, nous nous sommes agrandis et louons une surface supplémentaire de 1000 m² où en décembre de cette année une partie des employés s’est installée. Un centre d’apprentissage qui fédère plusieurs universités est déjà en place. Lorsque nous avons ouvert une filiale à Krasnodar, nous savions déjà qu’il faudrait y reproduire ce que nous avions déjà fait à Voronej. Nos bureaux du Kouban se sont eux aussi agrandis cette année, ils comptent aujourd’hui une soixantaine de collaborateurs.

Pourquoi créons-nous des centres d’apprentissage ? Malheureusement parce que pour le moment les universités ne sont pas en mesure de nous fournir des spécialistes avec la formation que nous attendons. Une structure capable de préparer les étudiants au monde de l’entreprise est nécessaire. C’est pour cette raison que nous avons de notre propre chef créer ces centres qui permettent aux étudiants de se perfectionner.

Nouveaux bureaux Atos à Voronej

– Est-ce qu’en Europe vous disposez de tels centres ou bien est-ce que là-bas le système éducatif prépare suffisamment bien aux besoins du marché ?

En Europe, le système d’enseignent est un peu différent d’ici. Les gens étudient plus longtemps, mais à la différence de la Russie, peu d’entre eux commencent à travailler dès la deuxième année universitaire dans le secteur IT. C’est comme ça qu’à la fin, la situation des jeunes diplômés chez nous reste assez proche de celle des étudiants russes. Là-bas aussi nous avons des centres de formation. En Europe nos différents départements sont plus grands de même que nos centres de formation.

Nous sommes obligés d’investir dans nos centres de formation, mais il y a là quelque chose de positif, indubitablement. Même si la formation des candidats n’aboutit pas nécessairement à un recrutement chez nous, elle nous permet de nous faire connaître auprès du public formé. Si nous ne travaillons pas avec eux dès leur sortie de nos centres, il se peut que nous soyons, d’une manière ou d’une autre, amenés à collaborer avec eux quelques temps après. Dans d’autres cas, il arrive que ceux que nous nous apprêtons à embaucher nous disent : « Non, nous avons finalement compris que quelque chose d’autre nous intéresse davantage ». Là encore, le résultat est le même. A la fin, ce dont nous avons besoin, c’est de gens motivés.

Bureaux à Krasnodar

– Le concours international IT Challenge est d’abord concours universitaire ou c’est avant tout la possibilité d’intervenir en tant que spécialiste sur le marché et de trouver les meilleurs spécialistes ?

C’est à la fois l’un et l’autre. D’un côté, les meilleurs étudiants nous intéressent, d’un autre côté ce ne sont pas toujours eux qui savent le mieux mettre en pratique les connaissances acquises à l’université. Vous avez étudié, vous connaissez votre sujet, mais maintenant vous allez devoir faire quelque chose et montrer au monde entier que vous avez raison.

Evidemment, c’est aussi une question d’image pour nous. En tant qu’entreprise du secteur IT nous souhaitons montrer que nous coopérons activement avec les universités. 20 d’entre elles sont déjà nos partenaires. Le concours de l’année dernière a été un formidable révélateur : une équipe de collègues de l’Université d’Etat de Voronej a décroché la deuxième place. J’espère qu’ils participeront à nouveau cette année. Voilà ce qui nous aide. Ce genre d’événement permet aussi aux étudiants de savoir si oui ou non, ils souhaitent venir travailler chez nous.

Finale à Paris du concours international IT Challenge

– Quels sont vos projets pour l’année prochaine ? Est-ce que vous souhaitez développer vos activités dans de nouvelles sphères ?

Nous n’attendons aucun changement radical. Nous allons continuer à faire ce que nous avons fait cette année, à savoir localiser la production en Russie. Nous avons quelques pistes à développer : serveurs, téléphonie, que nous avons déjà localisés. Maintenant, il nous faut travailler dans une troisième direction : la mise au point d’un antivirus pour assurer la cybersécurité. Nous allons le commercialiser l’année prochaine et le produire en Russie avec des partenaires locaux.

– Comment va évoluer le secteur IT en Russie ?

D’abord, je dirais que la tendance de cette année sera la multiplication des réglementations dans le domaine. De plus en plus de lois sont rédigées afin de contrôler la sphère IT « toute puissante » : des messageries instantanées à la protection des infrastructures critiques. Il est certain que la multiplication des réglementations aura une influence positive sur notre activité. Plus il y aura de choses à faire, plus les entreprises nous délégueront ces services pour ne pas avoir à s’en occuper.

Ensuite, le marché va se consolider. Le nombre des entreprises dans le domaine va, pour différentes raisons, diminuer. Les opérateurs télécoms souhaitent intégrer davantage leurs services et entrent sur le marché. La dynamique du cloud incite à la création de clouds locaux et cela représente l’augmentation d’une part de marché significative. 

Enfin, troisième grande tendance de l’année à venir : la numérisation. Nous allons investir des ressources considérables dans ce secteur et espérons une augmentation importante de nos ventes. Cette dynamique s’observe aussi dans le secteur public car le gouvernement aspire à passer au numérique, à l’automatisation des processus, à l’intelligence artificielle, au machine learning.

Nous espérons que les entreprises françaises auront la possibilité de réaliser des projets gouvernementaux dans le domaine du numérique, comme cela a été annoncé par le président. Il faut aussi ici rappeler l’importance du renforcement de la cybersécurité, élément qui accompagne le développement de tout projet dans le secteur IT.

Pour les entreprises, une dernière tendance est à noter : la localisation toujours plus importante dans le pays. Ceux qui peuvent travailler avec des entreprises déjà installées en Russie seront d’autant plus concurrentiels. De plus, pour concurrencer les entreprises russes, il faut travailler le plus possible avec des acteurs locaux et être proche des clients.

Edgars Pouzo lors de la présentation d’un nouveau serveur à Moscou

– Comment est-ce que l’entreprise Atos entend relever ces défis ?

Du point de vue de l’économie numérique, nous souhaitons maintenir notre niveau, investir et introduire des technologies avec lesquelles il est possible de travailler avec des écosystèmes locaux. Tout cela pour rester compétitifs et proposer nos services aux clients russes.

Quant à la localisation, vous l’aurez compris, nous essaierons de localiser le plus possible nos activités dans le pays et pas seulement pour ce qui est de l’équipement. Chez Atos nous créons des emplois en Russie. Les Russes sont embauchés sur des postes qu’occupaient auparavant leurs collègues occidentaux. Nous essaierons aussi d’approfondir nos activités avec les systèmes d’intégration.

Stand Atos lors du Forum SAP

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