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Art contemporain en URSS et en Russie 1950-2000. Un don exceptionnel
11.04.2017

31.08.2016

À partir du 14 septembre 2016, le Centre Pompidou expose l’extraordinaire don de plus de deux cent cinquante œuvres soviétiques et russes contemporaines réunies avec le soutien exceptionnel de la Vladimir Potanin Foundation. Cet ensemble d’œuvres a pu être offert au Musée national d’art moderne grâce à la générosité de la Vladimir Potanin Foundation, des collectionneurs, des artistes et leurs familles. Inscrit dans une année 2016 placée sous le signe d’un hommage aux donateurs de tous horizons, ce projet rappelle l’importance cruciale de ces gestes engagés pour le développement des institutions patrimoniales. L’ensemble ainsi constitué, composé d’œuvres d’artistes majeurs, offre un panorama, sans prétention à l’exhaustivité, de quelques quarante années d’art contemporain en URSS puis en Russie, à travers les principaux mouvements qui les ont sillonnées. *

 

Initiative inédite imaginée avec la Vladimir Potanin Foundation, ce projet dépasse le cadre d’une simple exposition. Signe fort d’un engagement pérenne du Musée national d’art moderne, les œuvres rassemblées rejoignent les collections nationales. Elles y complètent des fonds modernes de référence – Kandinsky, Larionov ou Gontcharova – ainsi que plusieurs œuvres contemporaines majeures acquises depuis les années 1980 grâce à la passion des conservateurs du Centre Pompidou.

 

Ce nouvel ensemble permettra au musée de partager avec un large public, en France et à l’étranger, la connaissance d’une histoire dont il est trop fréquemment pensé qu’elle s’est arrêtée à la fin des années 1920. Intégrées à une collection contemporaine résolument internationale, ces œuvres venues d’URSS et de Russie dialogueront avec des formes artistiques de tous horizons, ouvrant de nouvelles perspectives pour l’étude et la recherche.

 

Cet enrichissement significatif des collections donnera enfin à de nombreux artistes russes installés à Paris à partir des années 1970, comme Erik Bulatov, Igor Shelkovsky, Oscar Rabin, Eduard Steinberg ou Vladimir Yankilevsky, toute leur place au sein de l’institution.

 

Le Musée national d’art moderne tient à remercier très chaleureusement la Vladimir Potanin Foundation, dont il partage la volonté de permettre l’accès à la culture et la diffusion des connaissances. Le Centre Pompidou espère que la coopération engagée dans le cadre de ce projet, qui se poursuivra à l’avenir, scellera le début d’une amitié durable. Il souhaite également rendre un hommage appuyé à l’ensemble des donateurs, notamment Ekaterina et Vladimir Semenikhin et la Tsukanov Family Foundation, qui démontrent de façon exemplaire les vertus d’un effort collectif tendu vers la défense des artistes et de leurs œuvres. Les organisateurs du projet remercient enfin les équipes du Multimedia Art Museum de Moscou pour l’aide significative apportée à sa réalisation.

 

Cette présentation des œuvres nouvellement acquises est inscrite au programme de l’année franco-russe du tourisme culturel et s’accompagne d’un cycle de conférences et de projections qui se déploiera de septembre 2016 jusqu’en janvier 2017.

 

Commissaire russe : Olga Sviblova, Directrice du Multimedia Art Museum, Moscou

Commissaire français : Nicolas Liucci-Goutnikov, Conservateur, musée national d’art moderne

 

VLADIMIR POTANIN

FONDATEUR DE LA VLADIMIR POTANIN FOUNDATION

« Renforcer la collection russe du Centre Pompidou est un acte symbolique qui a pour but d’encourager l’intégration de l’art russe dans la culture vivante. En donnant, il y a quelque temps, le Carré Noir de Malevitch au musée de l’Hermitage (Saint-Pétersbourg) je souhaitais déjà faire un acte symbolique, et il a été suivi d’un bon nombre de donations au fonds de ce Musée. Je suis convaincu que l’art et la culture sont les meilleurs moyens de raconter la Russie au reste du monde, et c’est encore mieux quand nous avons beaucoup d’œuvres – et de chefs-d’œuvre – à montrer. 

Nos expériences précédentes de création d’évènement international d’importance (Quand la Russie parlait Français… à Paris et RUSSIA ! à New-York) nous a prouvé que l’art russe attire, partout, beaucoup de monde. Et c’est un vrai plaisir à nouveau de rassembler des grands esprits partageant les mêmes valeurs, artistes et collectionneurs, autour de ce projet aujourd’hui. »

 

OKSANA ORACHEVA 

DIRECTRICE GÉNÉRALE DE LA VLADIMIR POTANIN FOUNDATION

« Le projet que nous sommes en train de réaliser avec le Centre Pompidou s’intègre dans un domaine d’activité développé depuis de nombreuses années par la Vladimir Potanin Foundation : il est orienté vers le renforcement des liens culturels, l’épanouissement, pour des professionnels de différents pays, d’un dialogue intellectuel et d’un travail créateur effectué mutuellement. Un des objectifs essentiels de nos programmes internationaux est la mise en place d’une nouvelle image de la Russie, libérée des clichés et stéréotypes dépassés. 

Nous espérons que cet objectif sera servi par ce nouveau projet à long terme, réalisé conjointement avec notre partenaire français et qui comprend un ensemble de manifestations publiques de grande ampleur. »

 

SERGE LASVIGNES

PRÉSIDENT DU CENTRE POMPIDOU

« Par son ampleur, cette donation est un événement exceptionnel pour les collections du Centre Pompidou. Elle complète de façon unique l’extraordinaire ensemble d’œuvres d’artistes russes et soviétiques que le Musée national d’art moderne conserve. Elle rappelle qu’à tous moments de son histoire, en Russie, l’art n’a cessé de se métamorphoser quels qu’aient été les tourments de l’histoire ».

 

BERNARD BLISTÈNE

DIRECTEUR DU MUSÉE NATIONAL D’ART MODERNE

« Ce don exceptionnel a force de symbole. Il rassemble un nombre considérable d’artistes dont les œuvres témoignent des extraordinaires mutations de l’art soviétique et russe depuis cinquante ans. Il est un exemple de générosité et de complicité entre tous ses protagonistes et notre musée, sans doute un apport crucial pour notre collection! ».

 

 

 

* La présentation donne à voir la richesse d’un art né en marge du cadre officiel. Dès la fin des années 1950, les artistes « non conformistes », à l’instar de Francisco Infante, Vladimir Yakovlev ou Yuri Zlotnikov, stimulés par les expositions internationales permises par la politique khrouchtchévienne de « dégel », renouent avec les pratiques esthétiques des avant-gardes russes, elles-mêmes sources d’inspiration pour tant d’artistes occidentaux. Ils cherchent à inventer leur propre langage plastique. En 1962, la fermeture par Khrouchtchev de la salle non conformiste incluse dans la fameuse exposition du Manège (Moscou), bannit pour plusieurs années de l’espace public toute expression artistique contraire à la doctrine du réalisme socialiste qui, à partir des années 1930, a mis fin aux expérimentations modernes en URSS.

 

Les années 1970 voient l’émergence de deux mouvements aux frontières poreuses. L’École conceptualiste moscovite prend une ampleur déterminante sous l’impulsion d’Ilya Kabakov, de Viktor Pivovarov, de Rimma et Valéry Gerlovin, suivis d’Andreï Monastyrsky et de Dmitri Prigov. Accordant une place prépondérante au langage, travaillant à la croisée de la poésie, de la performance et des arts visuels, ces artistes proposent dans la Moscou de la « Stagnation » un art conceptuel reflétant la primauté de la littérature dans la culture russe. Une seconde génération d’artistes rejoint la communauté conceptualiste à la fin des années 1970, comme le groupe Mukhomor, Yuri Albert, Mikhaïl Roshal, Viktor Skersis ou Vadim Zakharov.

 

Concomitant du conceptualisme moscovite, le Sots art, inventé par le duo Komar et Melamid, détourne dans une veine pop les codes de la propagande soviétique. À la différence des artistes pop, confrontés à la surabondance de biens de consommations, Alexandre Kosolapov, Boris Orlov ou Leonid Sokov démythologisent l’environnement idéologique de la société soviétique. Courant fécond dont certains des protagonistes émigrent dès les années 1970, le Sots art marque fortement l’esthétique des années de la perestroïka, animant l’œuvre de différents artistes à l’instar de Grisha Bruskin.

 

Au milieu des années 1980, l’avènement de la perestroïka provoque un véritable bouillonnement créatif, imprégné d’une culture underground, émanant de différents squats. Un fort pressentiment de liberté enivre alors les jeunes artistes : Sergei Anufriev, Andreï Filippov, Yuri Leiderman, Pavel Pepperstein ou le groupe Pertsy à Moscou, Sergei Bougaev-Afrika, Oleg Kotelnikov, Vladislav Mamyshev-Monroe ou Timur Novikov à Leningrad.

 

La fin de la décennie est marquée par la légitimation de cet art né dans les marges. Les mécanismes du marché de l’art, encore inexistant, commencent à se mettre en place : en 1988, une première vente aux enchères organisée par Sotheby’s à Moscou, donne une valeur tangible à l’art non officiel. Très rapidement, les frontières avec l’art officiel disparaissent. Une nouvelle génération d’artistes s’affirme, incluant AES+F, Dmitri Gutov, Valéry Koshlyakov ou Oleg Kulik. À partir des années 2000, l’art contemporain s’institutionnalise et intègre peu à peu la culture nationale.

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