La rencontre networking de la CCI France Russie et de la Chambre de Commerce Américaine en Russie (AmCham) a eu lieu à Moscou
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Konstantin Kossatchev évoque les relations franco-russes, la crise ukrainienne et la situation en Syrie et en Turquie avec les sociétés membres de la CCI France Russie
04.03.2016

Dans le cadre d’un petit-déjeuner d’affaires organisé par l’Observatoire franco-russe, le président de la Commission des Affaires internationales du Conseil de la Fédération a discuté ces questions avec les sociétés membres de la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe (CCI France Russie).

Lors de son allocution de bienvenue, Emmanuel Quidet, président de la CCI France Russie, a souligné l’importance de ces rencontres pour les entreprises françaises opérant en Russie : « La Russie compte plusieurs milliers d’entreprises françaises qui y sont restées parce qu’elles croient en l’avenir du pays. Nous attendons avec impatience la résolution de la crise ukrainienne, qui a de lourdes répercussions sur notre travail. »

Interventions, discussions et questions se sont ensuite succédé pendant plus d’une heure et demie. Les relations franco-russes politiques et économiques ont naturellement occupé une place centrale dans le discours de Konstantin Kossatchev.

À propos de la France et de la Russie

« La France est un pays-leader sur la scène internationale. C’est un pays qui a prouvé plus d’une fois et qui prouve encore aujourd’hui – ou qui essaie de le faire – son indépendance en politique extérieure et son approche constructive pour la recherche et la proposition de solutions aux grands problèmes mondiaux. À cet égard, la France se détache nettement du lot, si l’on regarde du point de vue de la Russie. Je suis très content que la France fasse partie des quelques pays occidentaux et euro-atlantiques qui, dans un contexte de refroidissement des relations avec la Russie, n’ont pas laissé cette ambiance se propager au niveau interparlementaire. L’année dernière a compté trois grandes rencontres interparlementaires.

En premier, la visite en février de M. Gérard Larcher, président du Sénat français, en Russie. Par un concours de circonstances, mais peut-être pas par hasard, il est devenu le premier chef d’un parlement étranger à pouvoir s’exprimer en séance plénière, une première dans l’histoire du Conseil de la Fédération. Nous avons lancé cette tradition avec M. Larcher et nous la poursuivons avec succès.

Le deuxième événement à avoir reçu un accueil mitigé en France, mais très bienveillant et univoque en Russie, a été la visite d’un groupe de parlementaires français en Crimée.

Troisième événement : le rapport d’information sur la Russie rédigé au nom de la Commission des affaires internationales, de la défense et des forces armées et publié sur le site du Sénat français le 7 octobre 2015. Ce lundi [29 février 2016], le Conseil de la Fédération a organisé une table ronde consacrée aux relations franco-russes sur base de ce dossier. Le 9 mars prochain, un groupe de sénateurs russes se rendra à Paris pour discuter de ce rapport lors d’une table ronde conjointe avec un groupe de sénateurs français. L’analyse du dossier a révélé une divergence d’opinions parmi les participants russes aux discussions liminaires.

Nombreux ont été ceux à le considérer avec suffisance, affirmant qu’il ne s’agissait que d’un rapport parmi tant d’autres et qu’il ne contenait rien de nouveau, si ce n’est une multitude de clichés sur la Russie. Mais d’autres avis, que j’ai accueillis avec grand plaisir, ont vu dans ce rapport des recommandations pour aller de l’avant. Il est évident que nos opinions divergent aujourd’hui sur plusieurs questions internationales à l’ordre du jour, mais cela ne doit pas nous empêcher de nous entendre et d’avancer lorsque nos intérêts se rejoignent.

J’ai proposé à nos collègues français de relancer ce dialogue régulièrement. À l’issue de nos discussions à Paris le 9 mars, nous avons l’intention de préparer un dossier parlementaire sur les relations franco-russes intitulé Regards de Moscou et nous proposerons à nos collègues français d’en discuter ensemble à l’automne prochain. Après avoir échangé nos versions des événements, nous pourrons peut-être préparer un dossier commun. C’est une ambition que nous ne cachons pas. »

À propos de l’Occident

« On nous propose souvent des solutions qui ont déjà été approuvées au niveau transatlantique. Il manque une vision globale, une volonté d’élaborer une structure européenne incluant des pays aux intérêts nationaux différents. »

« Nous avons actuellement une crise de confiance vis-à-vis des messages occidentaux, bien que les messages en eux-mêmes ne soient pas la question. Les slogans utilisés aujourd’hui par l’Occident traduisent-ils des convictions réelles ou sont-ils utilisés comme un moyen de mettre en avant les seuls intérêts nationaux ? Après les belles paroles vient l’expansion : expansion militaire, expansion de l’information, expansion économique, … ».

À propos de la prochaine étape en Syrie

« Je suis content que nous ayons pu nous unir avec les États-Unis d’Amérique et l’Europe sur la question du cessez-le-feu. La prochaine phase doit être la création d’un gouvernement d’unité nationale qui élaborera une constitution. Et après, sur base de la constitution, une réforme du pouvoir sans ingérence de l’Occident ».

À propos de l’Ukraine

« La suite des événements dépend de l’Ukraine elle-même. Il ne faut pas exagérer l’influence de la Russie sur le sud-est de ce pays. Oui, nous avons pu persuader les habitants du Donbass de renoncer à la séparation avec l’Ukraine, de ne pas mener de nouvelles élections régionales sans tenir compte de la nouvelle loi ukrainienne et de respecter les conditions du cessez-le-feu. La Russie ne peut pas faire plus, non pas parce qu’elle ne le veut pas, mais parce qu’elle n’est pas en mesure de le faire, puisqu’il s’agit de la souveraineté de l’Ukraine. J’ai le sentiment actuellement que l’objectif principal de l’Ukraine est de créer des difficultés à la Russie, plutôt que de régler les problèmes du sud-est, étant donné que ces difficultés prolongeraient les sanctions à l’encontre de la Russie. L’Occident tente de faire porter et a fait porter l’entière responsabilité à la Russie, plongeant alors la situation dans l’impasse. Lorsque les pays occidentaux pourront attribuer à Kiev la responsabilité du processus de Minsk, et que l’Ukraine se rendra compte de l’éventualité des sanctions occidentales pour non respect des accords de Minsk, alors les accords fonctionneront. »

« Kiev fait traîner aujourd’hui encore la question de l’amnistie des combattants, c’est-à-dire la question la plus facile. Il ne faut pas lui lâcher la bride sur le sujet ».

« Le format Normandie existe à l’initiative personnelle de Hollande et Merkel, mais les grandes décisions doivent être prises dans le cadre d’un groupe de contact avec Lougansk et Donetsk. Sinon, lors des prochains sommets, nous nous réunirons pour en discuter et nous reviendrons au point de départ. »

À propos des intérêts nationaux

« Personne n’a le monopole de la vérité, puisque chaque État a ses propres intérêts et droits. Nous devons reconnaitre les droits de chacun aux intérêts nationaux. » 

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